Dans l’oeuvre d’Abel Grimmer, le sujet bruegelien de la kermesse est rare. Dans son "Catalogue Raisonnée", Reine de Bertier, en répertorie douze dont seulement trois autres signées. Abel Grimmer est un des grands artistes qui innove en développant les sujets profanes : sur un total d’environ 290 tableaux répertoriés, on compte 198 sujets profanes et seulement 80 thèmes religieux. Cette kermesse s’inscrit dans la modernité de l’oeuvre d’Abel Grimmer. Au XVIe siècle, peu de peintres l’ont abordé : Pieter Bruegel l’Ancien, son fils aîné Pieter Brueghel le Jeune, Martin van Cleve, Pieter Balten, Jacob et Abel Grimmer, etc. A droite, la marchande de galettes fait un troc avec un colporteur, marchand d’oubli, de miroirs, de couteaux et de rubans ; au centre, le fou Till l’espiègle joue au cerceau, tandis qu’à gauche, on danse et on s’embrasse. A une époque où Charles Quint puis son fils Philippe II multiplient les interdictions de se rassembler, la fête villageoise incarne la résistance des artistes à l’occupation espagnole. L’apparente trivialité du sujet est le masque qui protège de l’inquisiteur. Poursuivant la voie tracée par les Adages d’Erasme, la Kermesse de la Saint Georges fait passer la culture populaire à la postérité.